Le château du Moyen-Age à nos jours

De 1395 à nos jours, l'histoire du château de Sully a été riche en rebondissements et son architecture a beaucoup évolué au fil des siècles. Un personnage éminent est attaché à cette histoire, il s'agit du duc de Sully, Maximilien de Béthune.

Estampe représentant le château vu depuis le nord-est. Il présente son aile du XVIIie siècle dénuée de lucarnes en toiture ainsi que ses tours couronnées lesquelles n'ont pas encore été abattues par la Révolution.

Représentation du château après 1793 et la destruction de ses tours.

Dessin du château après la destruction de ses tours par le 8e duc de Sully en 1793 pour montrer son engagement dans les idées de la Révolution française. Celui lui sauvera la vie.

Carte postale colorisée montrant les abords du château au début du 20e siècle

Carte postale colorisée montrant les abords du château au début du 20e siècle

Image du château de Sully-sur-Loire après son incendi en 1918

Incendie du château en 1918

Le Moyen Age

La première mention d'un château à Sully-sur-Loire date de 1102. L’histoire du château actuel commence cependant en 1395 avec la construction du donjon, ordonnée par Guy VI de la Trémoïlle.

Ce bâtiment possède deux fonctions principales :

  • La défense, avec la présence des douves, des ponts-levis, du chemin de ronde, des meurtrières etc… Ce grand bâtiment n’a pas été bâti là par hasard : il protège le passage sur la Loire qui permet les échanges entre Paris et le reste du territoire. N’oublions pas que nous sommes sur un axe entre la Bourgogne et la Région Parisienne, axe très commerçant, et situé le long de la Loire, où gabares, chalands et toues transportaient bon nombre de marchandises et matériaux de construction.  
  • L’apparat, car le donjon doit témoigner de la puissance du seigneur via, notamment, ses grandes dimensions (intérieures comme extérieures). Il doit impressionner et être visible de très loin. Aujourd’hui, galerie de peintures et tapisseries participent à la restitution du faste de ce lieu.

Cependant, le donjon est peu confortable, c’est pourquoi le seigneur va faire bâtir le petit château en 1430 environ. Il porte bien son nom, les pièces y sont plus petites et donc plus adéquates pour la vie quotidienne du seigneur et de sa famille.

A cette même époque Jeanne d’Arc vient y rencontrer le futur Charles VII en 1429. Elle le convainc de se faire sacrer afin de le légitimer en tant que roi. Jeanne d’Arc revient au château plus tard dans l’année. Elle y est maintenue prisonnière par Georges de la Trémoïlle, propriétaire du château et favorable aux Anglais, pour ne pas gêner les négociations avec ces derniers. Elle finit par s’enfuir et meurt en 1431 brûlée vive à Rouen.

Le XVIIème siècle

Au cours du XVIIème siècle, l’apparence du château de Sully-sur-Loire va être radicalement modifiée. En 1602, Maximilien de Béthune, le principal ministre et grand ami du roi Henri IV, achète le château. Il sera nommé duc de Sully et pair de France en 1606. 

Il va faire construire la tour d’artillerie (1606) afin de renforcer le point sensible du château (côté ville). Il va poursuivre cet aménagement en faisant ériger trois galeries de circulation pour relier les différentes parties du site : donjon, tour d’artillerie et petit château. Cela va fermer complètement l’enceinte et être davantage dissuasif en cas d’attaque. Pour parfaire l’architecture de ce château, il alimente les douves en eau, en détournant les eaux de la rivière de la Sange qui coule au pied du château. L’objectif est de décourager les potentiels envahisseurs et de montrer sa puissance économique et politique.

En mars 1652, le jeune roi Louis XIV est venu au château de Sully-sur-Loire pendant la Fronde, la révolte des parlementaires puis des nobles contre l'autorité royale. C’est durant cette période sombre que le « Roi Soleil » est venu se réfugier au château et a dormi deux nuits dans la chambre du roi au premier étage du donjon.

Le XVIIIème siècle

Au début du XVIIIème siècle, François-Marie Arouet, alias Voltaire, a été en exil au château de Sully-sur-Loire notamment en 1716 et en 1719. Il est accueilli par le cinquième duc de Sully, Maximilien Henri de Béthune. Il va y tomber amoureux d’une jeune comédienne locale, Suzanne de Livry dont il fera jouer comme tête d’affiche lors de représentations théâtrales au château dont la pièce « Artémire », pièce de théâtre qu’il écrira d’ailleurs au château de sully-sur-Loire. Cette pièce de théâtre sera jouée dans la salle d’honneur du donjon. Voltaire arrêtera de venir au château à partir de 1725 car il est en froid avec le cinquième duc.

En 1767 la galerie reliant le petit château et le donjon est réaménagée. Elle est élargie et un étage y est ajouté. On y trouvait alors les appartements privés des châtelains. C’était l’aile la plus luxueuse du château.

Pendant la Révolution française, en 1794, le huitième duc de Sully est en accord avec les idées révolutionnaires et souhaite le montrer. Il va donc faire découronner les six tours qui composent le donjon (c’est-à-dire que l’on a retiré les toits) à l’image de la décapitation de Louis XVI.

Le XIXème et le XXème siècle

Au tout début du XIXème siècle, le huitième duc de Sully meurt ainsi que son fils, sans descendance. Le château de Sully-sur-Loire devient la propriété de la famille Béthune-Sully (branche cousine de la famille).

En 1900, le nouveau propriétaire souhaite faire reconstruire le sommet des six tours. A l’issue du chantier en 1904, deux tours seulement sont achevées. La cause : une maladresse de la cuisinière qui s’est trompée entre le pot de farine et le pot d’arsenic en préparant une recette. Le châtelain en est malheureusement décédé et cela explique la fin du chantier de reconstruction des toitures des tours du château.

Au cours du mois de janvier 1918, un incendie se déclare dans l’aile construite au XVIIIème. Plusieurs pièces et une grande partie du mobilier sont détruites. Lors de la reconstruction en 1920, la galerie a perdu un étage et demi et reste complètement vide. On met hors d’eau le bâtiment en reconstruisant une toiture et en consolidant les murs. Le reste de cette aile est comme une coquille vide (sans planchers, sans décors, sans mobilier).

La Seconde Guerre Mondiale a marqué l’histoire du château.  En juin 1940, la charpente est touchée par des obus lors de combats intenses entre les deux rives de la Loire. Malgré des trous béants, la charpente ne s’est pas effondrée. Elle sera restaurée quelques années plus tard. Les restaurateurs estiment d’ailleurs que 80% environ de la charpente est d’origine médiévale (début XVe siècle), le reste étant du milieu du XXe siècle des suites de la restauration.

Quelques années plus tard, en 1962, le Conseil départemental du Loiret rachète le château de Sully-sur-Loire ainsi que son parc, au nez et à la barbe de Charles Trenet qui s’était manifesté pour le rachat. Suite à cela, des campagnes actives de restaurations et réaménagements ont été menées. Le château ayant été vidé de ses collections avant le rachat en 1962, le Conseil départemental a eu fort à faire pour redonner les lettres de noblesse à cette bâtisse vieille de plus de 600 ans. Des campagnes de remeublement sont organisées régulièrement : acquisitions sur fonds propres, dons, legs, dépôts et partenariat avec le Mobilier National permettent aujourd’hui au château de présenter des salles meublées.

De nos jours

L’aile qui a brulé en 1918 est réaménagée et remeublée entre 2006. L’objectif est de reconstituer un appartement du XVIIIème siècle. Régulièrement, des nouveaux éléments s’ajoutent, de nouvelles acquisitions sont effectuées pour dévoiler au plus grand nombre la vie de château au cours du temps.

N’hésitez pas à venir découvrir le château de Sully-sur-Loire en visite libre ou guidée. Vous découvrirez la Grande et la Petite histoire du lieu dans une ambiance intimiste où chaque pièce vous fait sentir comme chez vous. Une déambulation au travers de nos 19 espaces à visiter, depuis les grandes salles du donjon jusqu’aux espaces intimes du « Petit château », depuis la Chambre du roi jusqu’aux appartements de la duchesse, depuis la charpente jusqu’à la salle à manger … le circuit de visite vous réserve bien des surprises.

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